Le grand poète palestinien Mahmoud Darwich s'est éteint en 2008.


Un jour je serai ce que je veux



Un jour je serai une idée qu’aucun glaive ne porte


A la terre désolée, aucun livre …


Une idée pareille à la pluie sur une montagne


Fendue par la pousse d’un brin d’herbe.


Et la force n’aura pas gagné,


Ni la justice fugitive.



Un jour je serai ce que je veux.



Un jour je serai oiseau et, de mon néant,


Je puiserai mon existence. Chaque fois que mes ailes se consument,


Je me rapproche de la vérité et je renais des cendres.


Je suis le dialogue des rêveurs.


J’ai renoncé à mon corps et à mon âme


Pour accomplir mon premier voyage au sens,


Mais il me consuma et disparut.


Je suis l’absence. Je suis le céleste


Pourchassé.



Un jour je serai ce que je veux.



Un jour je serais poète


Et l’eau se soumettra à ma clairvoyance.


Métaphore de la métaphore que ma langue


Car je ne dis ni n’indique


Un lieu. Et le lieu est mon péché et mon alibi.


Je suis de là-bas.


Mon ici bondit de mes pas vers mon imagination …


Je suis qui je fus, qui je serai


Et l’espace infini me façonne, puis me tue.




Murale, Arles, Actes Sud, 2003